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Qu'est ce qu'une enquête par questionnaire?
A quoi sert l'enquête par questionnaire ?
L'enquête par questionnaire consiste à collecter des réponses à une série de questions standardisées auprès d'un nombre assez important de personnes.
Un questionnaire est un ensemble de questions construit dans le but d'obtenir l'information correspondant aux objectifs d'une étude. Le questionnaire permet de standardiser l'information collectée dans une enquête. Les informations qu'il recueille sont utiles pour évaluer ou changer une situation donnée.
Les personnes sur lesquelles porte l'enquête sont choisies selon différentes méthodes afin de constituer un échantillon représentatif de l'ensemble de la population auprès de laquelle on cherche des informations.
Existe-t-il différentes formes d'enquête par questionnaire ?
Il existe principalement deux types de questionnaire:
- Le questionnaire fermé,
- Le questionnaire ouvert.
Les enquêtes combinent souvent les deux formes, avec une dominante de questions fermées et quelques questions ouvertes, plus riches mais aussi plus difficiles à traiter statistiquement.
Le questionnaire fermé
Les questions fermées sont des questions pour lesquelles on impose au répondant une forme précise de réponse et un nombre limité de choix de réponses. Cette forme est utilisée pour obtenir certains renseignements factuels, pour juger d'un accord ou non avec une proposition, pour connaître la position du répondant concernant une gamme de jugements, etc.
Les questions fermées ne sont pas adaptées au recueil d'informations nuancées. Par contre, elles sont plus utiles à l'analyse statistique, car les réponses sont prédéfinies et prévues.
Les types de questions en questionnaire fermé
Type de questions fermées |
Nombre de réponses proposées |
Nombre de réponses souhaitées |
Remarques |
Questions dichotomiques |
2 |
1 |
Facile d'usage |
Questions à choix multiples (QCM) et réponse unique |
Plusieurs |
1 |
La différence entre les réponses doit être très claire |
Questions multiples à réponses multiples |
Plusieurs |
Plusieurs |
Traitement statistique difficile. Il est préférable de considérer chaque proposition comme une question dichotomique avec une réponse unique : oui/non |
Le questionnaire fermé comporte le risque que le répondant ne choisisse pas la réponse qui lui convient car il choisit :
- la réponse qui lui semble la plus conforme à l'attente de l'enquêteur, pour lui faire "plaisir" ou parce qu'il croit que cette réponse le valorisera,
- une réponse par défaut, parce que les autres lui conviennent encore moins,
- une réponse qui par sa formulation "attire" inconsciemment, par exemple en exprimant une position moyenne.
Le questionnaire ouvert
A partir d'une question précise, la personne interrogée développe une réponse que l'enquêteur prend en note. Dans ce cas, l'enquête par questionnaire ouvert ressemble à un entretien individuel de type directif. Une question ouverte laisse la réponse libre dans sa forme et dans sa longueur.
Les types de réponse en questionnaire ouvert
Type de réponse attendue |
Recueil de la réponse |
Traitement |
Chiffrée (quantité, volume, etc..) |
Facile |
Facile, car c'est une donnée quantitative |
Verbale |
Prévoir un espace suffisant et si besoin une liste de réponses que l'enquêteur coche au fur et à mesure de leur citation |
Délicat : prévoir éventuellement un codage de la réponse sous forme de mot ou groupe de mots |
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Quelles sont les ressources nécessaires?
Les ressources temporelles
La réalisation d'une enquête par questionnaire exige une préparation minutieuse et un temps de réalisation proportionnel à l'importance du questionnaire, à la taille de l'échantillon et aux difficultés de terrain.
En général, elle ne s'effectue pas en début d'évaluation mais dans des phases ultérieures, quand l'évaluateur dispose de suffisamment d'informations et d'hypothèses de travail pour construire un questionnaire à destination de groupes précis.
Les ressources humaines
L'organisation d'une enquête par questionnaire implique souvent de recruter des enquêteurs.
Compétences requises
- Capacité à s'imprégner des objectifs de l'enquête,
- Capacité à établir un climat de confiance,
- Capacité à repérer d'éventuelles difficultés de compréhension et blocages,
- Capacité à remplir clairement et de façon fiable le questionnaire,
- Si nécessaire, maîtrise d'une langue locale et des us et coutumes.
Pour le recrutement
- S'il existe des spécificités culturelles ou dialectales, il est préférable d'effectuer localement le recrutement (comme les agents de développement, les instituteurs, les techniciens, etc).
- Il est parfois possible de s'appuyer sur des organisations spécialisées.
- Une ou plusieurs journées de formation-encadrement des enquêteurs peuvent être organisées avant le début de l'enquête (visant à s'assurer de la compréhension des objectifs et du questionnaire, et a instaurer un "esprit d'équipe") et après sa réalisation (débriefing sur les conditions d'enquête, les difficultés rencontrées, les biais possibles, les remarques des répondants, etc.). Tous ces commentaires "qualitatifs" aideront l'évaluateur à nuancer les résultats, voire à les interpréter.
Les ressources financières
Pour l'essentiel, les coûts sont des coûts salariaux (coût des enquêteurs) et des coûts de transport lorsque l'enquête est conduite sur un territoire important. Il serait hasardeux de proposer ici des montants, ceux-ci variant dans des proportions importantes selon le type de pays dans lequel l'enquête est réalisée.
Soulignons cependant que les transports peuvent peser lourdement sur le budget dans des pays où ceux-ci sont difficiles. De façon générale, l'évaluation des ressources nécessaires nécessite de prendre en compte :
- Le moyen utilisé pour réaliser les enquêtes par questionnaire (en face à face, par courrier, par téléphone, par mail),
- la taille de l'échantillon,
- l'éloignement des zones d'enquête,
- le nombre d'enquêteurs à mobiliser et la durée de leur mobilisation, qui dépendent des variables sus-citées.
L'enquête par questionnaire est l'un des moyens les plus simples d'obtenir des informations auprès d'un nombre important de personnes. Les enquêtes par téléphone coûtent moins cher que l'enquête en face à face. L'envoi par mail est de loin le moyen le plus économique, mais le taux de réponses est moindre et il limite le profil des personnes susceptibles de répondre, particulièrement dans les pays peu équipés en moyens informatiques.
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Pourquoi réaliser une enquête par questionnaire en évaluation pays?
Les conditions d'application spécifiques des enquêtes par questionnaire en évaluation soulignent que leur mise en œuvre est plus adaptée aux pays caractérisés par un bon niveau de développement.
Dans le cas des pays en développement, il peut néanmoins être intéressant d'utiliser l'enquête par questionnaire en ciblant des groupes de population pour lesquels l'évaluateur ne peut pas disposer d'informations quantitatives par d'autres moyens.
Il s'agira alors d'une enquête ponctuelle sur une question pointue auprès d'une catégorie d'acteurs bien circonscrite paysment, notamment.
L'évaluateur devra assurer un encadrement très rapproché des enquêteurs, voir confier cet encadrement à un partenaire local.
Le problème de recueil et de sélection rapide d'informations nécessaires et abondantes est récurrent en évaluation pays. C'est aussi dans ce type d'évaluation que les évaluateurs sont les plus éloignés des bénéficiaires finaux de l'aide. L'enquête par questionnaire, en interrogeant de nombreux bénéficiaires, permet de recueillir une partie des informations portant sur la politique évaluée, à propos notamment, du degré de réalisation des programmes, de la prise en compte des besoins, des acquis et des points de blocages, etc.
Dans ce contexte, les enquêtes par questionnaire sont encore peu utilisées. Leur usage pourrait pourtant se développer, notamment parce qu'elles constituent dans certains cas un outil indispensable pour réaliser des analyses d'impact auprès de divers groupes, en particulier de bénéficiaires.
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Comment élaborer un questionnaire?
Quelles sont les bonnes questions à se poser ?
Qu'est-ce que je cherche ?
Les questions posées sont conçues en fonction des informations, des analyses et des opinions que l'évaluateur recherche, et en fonction du public visé. Il faut donc commencer par bâtir une liste d'informations sur le sujet d'étude, contenant :
- les objectifs,
- les hypothèses de travail,
- les publics-cibles,
- la nature des informations recherchées,
- la situation géographique de l'information à trouver,
- la période de l'enquête.
Ces listes vont guider l'organisation de l'enquête et la production d'un calendrier de réalisation.
Cette question est-elle strictement nécessaire ?
Cela revient à se demander : l'objectif de l'étude "X" peut-il être atteint si j'enlève la question "n"? Si la réponse est oui, inutile d'alourdir le questionnaire.
Une seule question suffira-t-elle pour obtenir cette information?
En fonction de la complexité de l'information recherchée, plusieurs questions peuvent être nécessaires, notamment pour rechercher une cause.
L'évaluateur doit être attentif aux questions qui ont un double objectif. Il est préférable de les séparer en deux questions simples.
La personne interrogée est-elle en mesure de répondre ?
Trois raisons peuvent expliquer l'absence de réponse d'un répondant :
- il ne comprend pas : le vocabulaire n'est pas adapté, la question est trop abstraite, etc.
- il ne sait pas : le questionnaire n'est pas adapté au bon public, ou la personne interrogée a été mal choisie,
- il a oublié : distinguer la situation où le répondant peut retrouver l'information et la fournir plus tard, de la situation où il n'a plus accès à cette information.
La personne interrogée voudra-t-elle fournir l'information exacte?
Cette question concerne principalement les informations à caractère sensible, telles que :
- les sujets socialement sensibles, pour lesquels certains comportements sont niés ou déformés (dévalorisés ou survalorisés, par exemple),
- les sujets touchant de près à la vie privée,
- les sujets nécessitant un effort de recherche important ou du temps.
Dans ces cas, la personne interrogée peut vouloir "maquiller" le sujet ou l'éviter. C'est souvent dans la manière de poser la question ou dans la façon de structurer le questionnaire que l'on peut anticiper et/ou contourner l'attitude d'évitement de la personne interrogée.
Comment structurer le questionnaire ?
Les bases du questionnaire
- Cerner le sujet d'investigation et cibler le questionnaire de façon précise.
- Ne pas avoir trop d'ambition concernant les informations à récolter grâce au questionnaire : il ne doit pas être trop long et complexe, et les questions doivent être précises et simples.
- Prévoir des questions qui se recoupent pour vérifier la fiabilité et la cohérence des réponses.
Les textes d'introduction et de transition
Ils sont nécessaires à la compréhension et l'articulation du questionnaire, quelle que soit sa façon d'administrer. Ces textes doivent être adaptés au type de l'enquête, à son objet, aux caractéristiques socio-culturelles de l'échantillon, etc.
Ces textes doivent comprendre :
- "des indications se rapportant aux sujets traités : " ce questionnaire a pour objet déterminer…, de mesurer…, nous allons maintenant passer au problème de… ; maintenant que nous avons passé en revue les… ",
- des indications techniques : " veuillez tracer une croix dans la case correspondant à votre choix/votre opinion, une seule réponse par colonne svp; rédiger votre réponse de la manière la plus concise possible svp… ",
- des formules de politesse : " votre avis est extrêmement précieux…; merci pour votre obligeante collaboration ",
- des formules de précaution : " ce questionnaire est strictement confidentiel ; cette enquête ne doit servir qu'à des fins scientifiques ",
- des développements courts et compréhensibles : les introduire uniquement là où ils sont nécessaires" (Extrait de Jauveau C. (1992) "L'enquête par questionnaire, manuel à l'usage du praticien", Edition de l'Université de Bruxelles).
L'ordre des questions
- Placer les questions les plus délicates dans le corps du questionnaire, afin d'éviter des effets de repli, de lassitude ou de perte d'attention à la fin de l'exercice.
- Regrouper les questions d'identification au début ou à la fin du questionnaire. Si elles peuvent poser un problème (en portant, par exemple sur le revenu, la pratique religieuse ou l'opinion politique), les placer dans le corps du questionnaire.
- Commencer par des questions faciles qui permettent de mettre en confiance le répondant.
- Intercaler les questions difficiles ou délicates avec des questions plus faciles qui "détendent l'atmosphère", même si ces questions faciles n'ont qu'un but "technique", celui du bon déroulement de l'enquête.
- Prévoir des transitions, des liaisons entre des sujets qui ne sont pas corrélés.
- Grouper les questions ayant trait à un même sujet.
- Hiérarchiser les questions :
Avant |
Après |
Questions d'ordre plus général |
Questions plus spécifiques |
Questions portant sur l'entourage de la personne interrogée |
Questions portant sur sa situation personnelle ou sa propre opinion |
Questions de fait |
Questions d'opinion |
- Prévoir l'absence de réponse par des items comme "ne sait pas" ; "sans opinion", voire "refus de répondre". Attention : le répondant peut se réfugier dans cette proposition, pour éviter de répondre. Dans le traitement des réponses, il faut prévoir un code pour ce choix, qui doit être traité comme une réponse.
- Choisir un équilibre entre des questions ouvertes et des questions fermées. Une question ouverte offre des réponses riches mais difficiles à traiter statistiquement. Voir quand elle peut être remplacée par plusieurs questions fermées.
- Prévoir de quelle façon sera traité le questionnaire avant de l'élaborer : sa rédaction influence sa construction : questions ouvertes, fermées, corrélations entre les questions, etc.
Quelle est la structure-type d'un questionnaire ?
La présentation de l'enquêteur et de l'enquête
Ce préalable est parfois oublié. Il est utile de prévoir les moyens pour introduire le questionnaire auprès des personnes à interroger. Le thème exact de l'étude peut être caché ou contourné, s'il risque de provoquer une mauvaise réaction de la part de la personne interrogée (biais, réponses de façade, dissimulation, crainte, refus, etc). Le sujet de l'étude peut nécessiter une formulation simplifiée et moins "institutionnelle".
Les questions d'introduction
Ces questions ont pour but d'établir un climat d'intérêt, voire de confiance entre l'enquêteur et l'enquêté, si l'enquête se déroule en face à face,. Elles sont générales et formulées de façon à ce que la réponse soit positive, même si celle-ci n'est pas directement utile pour le sujet.
Les questions qualifiantes
Ces questions servent lorsque l'on on a besoin de savoir si l'individu possède l'information recherchée, et éventuellement pour qu'il réoriente l'enquêteur vers une autre personne, si nécessaire. Leur forme est plutôt dichotomique.
Les questions de mise en route
Elles servent à centrer progressivement le questionnaire sur le thème de l'étude, en commençant par des questions simples (de comportement, par exemple).
Les questions spécifiques
Elles sont le cœur du questionnaire : les réponses à ces questions doivent fournir à l'étude les informations les plus importantes et les plus ciblées. A ce stade, l'enquêté doit être bien dans le sujet et en pleine confiance avec l'enquêteur. On peut lui poser des questions plus personnelles ou le mobiliser dans un effort de réflexion sur, par exemple, ses motivations, ses opinions, ou encore ses jugements personnels.
Les questions d'identification
Les réponses à ces questions permettent de décrire les répondants et éventuellement de les classer en groupes distincts. Ces questions sont de deux sortes :
- les variables socio-démographiques (sexe, âge, profession…),
- les éléments psychologiques (valeurs, opinions…).
Comment rédiger le questionnaire ?
Les bases du questionnaire
- Les questions sont courtes, simples, claires, et sans ambiguïté de sens.
- Leur formulation ne doit pas influencer la réponse, par exemple en impliquant une réponse de nature positive ou négative.
- Prévoir pour la formulation des questions si le questionnaire sera traduit, et veiller à la qualité de cette traduction.
-Le vocabulaire
A éviter |
A utiliser |
Vocabulaire technique |
Vocabulaire simple |
Vocabulaire ambigu, trop subjectif ou polysémique |
Vocabulaire clair, sans double sens |
Les adverbes imprécis : souvent, rarement, de temps en temps, occasionnellement… |
Mesures de temps quantitatives |
Vocabulaire pouvant être interprété différemment selon la région, la classe sociale, la classe d'âge, etc. |
Vocabulaire adapté à la population-cible |
-Le style
A éviter |
A utiliser |
Les questions avec une négation, voire une double négation : elles influencent la réponse |
Style bref et simple : la question ne devrait pas dépasser une ligne et demi |
Les réponses proposées ou sous-entendue dans la question : elles encouragent à dire "oui" quand l'opinion n'est pas très affirmée |
Termes neutres |
Aborder de front une question trop personnelle |
Arbitrer entre le style direct et indirect : si le sujet de la question est trop personnel, préférer un style indirect |
Les moyens pour introduire le questionnaire auprès des personnes à interroger
Cette étape détermine la qualité finale des résultats obtenus par l'enquête. Il ne faut donc pas la négliger. Le moyen le plus efficace est la lettre ou le mail envoyés personnellement à chaque individu de l'échantillon. Il doivent contenir :
- l'indication de l'organisme et du bureau/service qui réalisent l'enquête ;
- les buts avoués de l'enquête ;
- des incitations à participer : intérêt pour la collectivité, la recherche, etc.
- les modalités de réacheminement du questionnaire, s'il est envoyé (date butoir, coordonnées…) ;
- la signature d'un responsable de l'organisme qui réalise l'enquête.
La présentation générale de la lettre doit être particulièrement soignée.
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